Du haut de ses 9 kilomètres de large, l’île d’Amantani est une petite terre ronde qui émerge avec grâce des eaux du célèbre lac Titicaca. 800 familles, du bétail et des centaines de parcelles agricoles aux teintes variées se partagent l’île. Sur les chemins de pierres, aucun véhicule ne vient perturber la circulation des ânes et des habitants.
Un calme et une sérénité incroyable rayonne autour de cette île aux habitants timides à premier abord. Alors qu’ils communiquent en quechua entre eux, des paroles espagnoles viennent se glisser lorsque les visiteurs posent le pied sur l’île. L’accueil et la générosité des habitants dévoilent toute la beauté de l’île d’Amantani, où il fait bon vivre.
Sur les deux plus hauts sommets de l’île, deux temples dominent les paysages insulaires d’Amantani et offrent une vue imprenable sur le lac Titicaca qui s’étend à perte de vue. Le temple Pachatata et le temple Pachamama, littéralement terre de père et terre de mère sont d’anciennes ruines Inca et Tiwanaku qui se partagent la vedette.
Accueil sur l’île d’Amantani
Nous sommes arrivés de nuit, après une traversée assez mouvementée sur le lac, pourtant si calme habituellement. Lorsque le bateau accoste enfin, de petites lumières blanches illuminent la nuit sombre… Les familles nous attendent. Ils nous ont accueillis chaleureusement et nous ont généreusement distribué de l’huile essentielle de munia aux passagers les plus fragilisés par la traversée. La munia c’est une plante qui pousse uniquement en Amérique du sud et qui est principalement utilisée pour ses vertus médicinales. Les péruviens l’utilisent surtout en infusion et sous forme d’huile essentielle. Pour l’avoir goûtée, le goût et l’odeur sont justes top !
Les membres de chaque famille ont chargé sur leur dos les sacs de voyage… Alors que nous montons avec peine jusqu’aux maisons, ils gambadent avec des sacs très lourds, ils étaient franchement impressionnants. Une fois tout le bateau déchargé, à la soupe ! Un repas copieux et plein de saveurs nous attendait.
La fatigue nous gagne, il temps de se répartir chacun dans les familles péruviennes et de nous installer dans les petites maisons en pisé.
Immersion chez une famille péruvienne
Alors que le soleil brille déjà haut dans le ciel, pas un bruit ne vient interrompre le calme qui habite l’île. A la vitre ce matin-là, j’ai tout de suite compris que cette île avait quelque chose de particulier.
Nous descendons dans la petite cour de la maison pour aller prendre le petit déjeuner où pain frais, œuf brouillés et infusion de munia nous attendent. Un vrai délice !
La munia en fond, et les feuilles de coca au premier plan |
Le ventre bien plein, nous partons pour la récolte des pommes de terre avec le maître de maison. Nous marchons sur un petit chemin de pierre qui serpente entre les champs de quinoa, de blé et autres céréales avant d’arriver à notre champ de patates.
Papa péruvien nous explique le procédé, nous distribue les pioches et nous voilà partis pour récolter ces fameuses patates andines. Pendant que nous retournons la terre, je discute beaucoup avec notre papa péruvien. J’échange avec lui sur l’environnement de l’île, les habitants, le mode de vie… j’apprends qu’il fait ça tous les jours depuis qu’il est né et qu’il a déjà plus de 70 ans. Eh ben il a toujours la pêche le petit vieux, mais pas forcément toutes ses dents. J’apprends même des mots quechua lorsque l’équivalent espagnol ne lui revient pas !
Papa péruvien et ses patates andines ! |
Mon espagnol jusque-là timide devient assez fluide malgré mon manque de vocabulaire… Plutôt impressionnée par mes propres progrès.
Quelques heures plus tard, une quarantaine de kilos de pommes de terre s’est amassée sur notre filet de récolte. Chacun se répartit les pommes de terre, le sac dans le dos, et nous repartons vers la maison pour faire sécher notre belle récolte.
Sieste au bord du lac Titicaca
Avant le repas, je pars explorer les lieux. Sous un soleil de plomb mais un petit vent frais, je suis descendue jusqu’au port de l’île. Sur le chemin je rencontre une vieille dame au chargement démesuré par rapport à sa petite taille humaine, des moutons assez peu effrayés, les habitants qui partent travailler au champ…
Le quinoa qui pousse paisiblement... |
Une fois en bas, j’ai profité des quelques rayons de soleil pour me relaxer un peu. Les flots du lac Titicaca contre la digue effondrée du petit port m’ont bercé jusqu’à m’assoupir… Le bruit de l'eau contre la pierre irrégulière me rappelle des souvenirs de Bretagne. Dans un demi-sommeil, je suis prise par une vague de nostalgie, ma tendre côte Atlantique me manque.
Réveillée par la chaleur, je remonte le plus rapidement possible en haut pour ne pas manquer le déjeuner qui sent bon jusqu’ici.
Randonnée jusqu’au temple de la Pachamama
Dernière étape de cette journée sur l’île d’Amantani, nous partons pour une randonnée jusqu’au temple de la Pachamama au sommet de l’île. La randonnée pourtant pas difficile, la difficulté de l’altitude nous retient un peu…
Sur le chemin nous traversons des champs, des habitants, des ânes bien chargés, et le chaman qui nous ferait un rituel au sommet.
En face, le temple Pachatata |
Une fois en haut, le panorama est juste magnifique. Les eaux du lac Titicaca ne semblent avoir aucune limite, des morceaux de terre émergent du lac par-ci par-là, nous laissant deviner au loin ce qui pourrait faire partie du territoire bolivien.
Au sommet, encore des champs. Le vert éclatant des jeunes épis de blé et le bleu profond des eaux du lac se marient à la perfection.
Là-haut, il y a comme une ambiance qui se dégage, un mélange de bien-être et de mystique. Le panorama et les émotions de ce voyage m’emmènent à me réfugier plus loin sur un amas de cailloux en surplomb du lac et des terres agricoles en contre bas.
Le soleil se couche bientôt sur les terres d’en face. Les couleurs du ciel se réchauffent et l’air ambiant se rafraîchit. Un groupe de touristes plus loin s’adonne à une séance de méditation… Faisons de même !
Coucher de soleil sur le lac Titicaca, et nos maisons d'accueil en contrebas |
Le chaman termine son rituel en brûlant des fleurs sacrées. Il est temps de redescendre dans les familles pour notre dernière nuit. Les frontales vissées sur la tête, les vestes enfilées, nous rentrons tous émus de cette marche et de ce panorama inoubliable.
Traversée du lac Titicaca jusqu’à Puno
Après ces quelques jours isolés du monde, il est temps de se dire au-revoir. Après nous avoir offert des fleurs sacrées, une des femmes des familles nous fait un petit discours qui m’a finalement fait verser quelques petites larmes. Nous laissons les familles derrière nous. Sous un ciel gris, les habits traditionnels des femmes ne sont plus que de petites taches colorées, souvenirs d’un moment exceptionnel ici. Le bateau s'éloigne des côtes, j'ai le cœur lourd. Je n'ai rencontré ces gens que quelques jours, mais leur vie, leur quotidien, leur générosité et leurs différences m'ont profondément touché.
Les îles flottantes dans la baie de Puno
Notre dernière étape avant de rejoindre Puno, ce sont les îles flottantes dans la Baie de Puno. Après 3h00 de bateau, nous arrivons sur cette île, sous la pluie. La visite et les explications de construction se font rapides vue la température extérieure et l’odeur de vase qui se dégage de cette île flottante.
Les roseaux avec lesquels sont construits les maisons et les îles flottantes |
Les habitants de cette île sont encore différents de toute la population péruvienne que nous avons pu rencontrer… Je détaille chaque élément de cette minuscule île flottante construite à base de roseaux et de terre humide. Leurs occupants me paraissent plus bruts, leur regard me parait moins accueillants que ceux des familles que nous venons de quitter. Leur vie est empreinte d'une histoire difficile et du tourisme occidental, un mélange qui ne semble pas faire si bon ménage. J'ai comme le sentiment que nous sommes considérés comme de vulgaires touristes venus voir comment ils vivent, comme si nous n'étions ni plus ni moins que des gens de passage, sans valeur humaine mais simplement monétaire.
Retour sur le bateau, la pluie cesse et la navigation se fait plus calme jusqu’au port de Puno. Je me hisse sur le toit du bateau, parmi les valises, et je profite de la vue qui s’offre à nous. Quelques rayons de soleil percent le ciel gris et donnent au paysage une ambiance reposante, où les flots calmes du lac Titicaca et les touffes de roseaux ressemblent à un jardin zen.
Nous voilà arrivés à bon port, nous reprenons maintenant la direction de Lima pour un trajet de 24h, avant de rejoindre la France…
Retour à la réalité
Le voyage se fait sans encombres, nous retrouvons notre auberge à Lima. Quartier libre, chacun part de son côté pour visiter la capitale comme il le souhaite. La maladie du touriste a choisi ce moment-là pour frapper, je n'ai donc malheureusement pas pu profiter pleinement de ces quelques jours mais j'ai tout de même réussi à mettre les pieds dans l'océan Pacifique !
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