Les bouquetins du Prariond

Bouquetin dans le Parc National de la Vanoise

Les températures baissent progressivement, les jours raccourcissent… Mais l’été indien est bien là. Veille de week-end, je me couche avec une seule idée en tête, voir des bouquetins.

A peine levée, je sais où j’irais aujourd’hui si je veux voir de la bestiole : le col de la Galise, dans le Parc national de la Vanoise. Je prends mes affaires de rando’, et je prends la route en direction du col de l’Iseran avec pour arrêt final, le Pont-Saint-Charles à Val d’Isère.

Lac de Tignes, l’étape indispensable

Pour tous ceux qui connaissent la route de Bourg-Saint-Maurice jusqu’à Val d’Isère, le lac de Tignes (lac du Chevril de son vrai nom) est un lieu où l’arrêt est presque inévitable à toute saison. Le lac est d’un bleu hypnotisant, dominé par le Mont-Pourri et son couvert neigeux. Et puis on ne va pas se le cacher… On est toujours curieux de voir si le lac est vidé pour apercevoir les ruines de l’ancien village de Tignes, recouvert par les eaux du lac en 1952. Cette fois-ci, l’orange vif des arbres est un contraste tout simplement magnifique avec les eaux bleues du lac. Quelques instants pour prendre des photos et de profiter du calme qui règne par-ici, tant qu’aucune voiture n’est de passage.

Lac de Tignes, Savoie
Le lac du Chevril et le barrage sur la droite, Tignes

Début de la randonnée au Pont-Saint-Charles

Pour accéder au départ du sentier pour le Col de la Galise, je traverse le village de Val d’Isère, dépasse le village du Fornet pour finalement garer la voiture au parking du Pont-Saint-Charles, juste avant la montée pour le col de l’Iseran.

Randonnée dans le Parc National de la Vanoise

Le soleil brille, il fait chaud… Pas certaine que les bouquetins soient aussi bas que je l’espère. Sac sur le dos, je commence la randonnée. Les premiers mètres sont raides, mais la vue sur les gorges de Malpasset font passer la pilule. Les paysages sont inhabituels par rapport à la saison estivale où j’ai toujours pratiqué cette randonnée. Je suis subjuguée par les couleurs de l’herbe grillée et des sommets gris-orangés. 

Randonnée à Val d'Isère

Refuge du Prariond

Après 45 minutes de marche, je parviens à la plaine où se loge le refuge du Prariond. Pas un bruit, pas un mouvement dans les parages. Les marmottes ont dût débuter leur hibernation. Habitante pourtant si abondante à cet endroit, je suis presque déroutée de ne pas voir ces petits êtres grassouillets et bruyants. Toujours aucun bouquetin, ni de chamois. Avant d’entreprendre la suite de la randonnée, je fais une pause sur la terrasse du refuge du Prariond. Je sors l’Opinel® et le Beaufort soigneusement rangés dans le sac à dos, et je profite un peu du soleil et du calme.

La plaine du Prariond, Parc National de la Vanoise


Beaufort, Savoie
Le Beaufort, c'est la vie ♥

Tentative d’ascension jusqu’au le Col de la Galise

Les choses sérieuses commencent, j’ai 2h de montée pour atteindre le sommet du col de la Galise. 15 ans que je ne suis pas montée en-haut, j’attends ce moment avec impatience… Je monte, le sentier est plus difficile que je ne le pensais, et le soleil plus chaud que je ne l’espérais.

Balisage du sentier du col de la Galise

Je continue de monter, toujours aucun signe de vie des bouquetins, je commence à désespérer. Puis je vois des traces au sol et des excréments dignes de ces ongulés… Je reprends un peu espoir et me persuade qu’ils ne doivent pas être bien loin.
L’heure tourne, ma poche à eau se vide bien plus rapidement qu’escompté, les tendons commencent à tirer sur ma cheville encore fragile de ma dernière entorse, je fatigue… Je ne me souvenais pas que c’était aussi raide !

« Ah les enfoirés, quelle idée de vivre aussi haut ! »… Je me suis répétée ça plusieurs fois pendant la montée, pourtant déterminée à les voir ces putains de bouquetins. (Je vous transmets toute la grossièreté que j’ai utilisée au cours cette montée)

Randonnée dans le Parc National de la Vanoise

Parc National de la Vanoise, randonnée à Val d'Isère

Je parviens au croisement entre le chemin pour le col de la Lose et le col de la Galise. Je prends une pause et me rends compte qu’à cet endroit, les montagnes montrent toute leur hostilité. Les parois raides, le silence à la fois apaisant et angoissant qui règne, le sifflement du vent sur les cimes et le bruit sourd des cascades que forment les eaux de fonte des glaces… Une ambiance qui me fascine et qui pourtant me file la chair de poule.

Randonnée à Val d'Isère dans le Parc National de la Vanoise

Depuis que j’ai entrepris la montée, je n’ai croisé que des randonneurs qui descendaient et des choucas à la recherche de quelque chose à grignoter. Je suis partagée entre l’envie de repousser mes limites et monter jusqu’en haut, il ne reste plus que 45 minutes… Ou d’abandonner tout espoir de voir des bouquetins et de redescendre. Je suis seule, je n’ai plus d’eau, je suis fatiguée, je suis beaucoup plus lente que prévue et l’heure tourne. Je redescends, presque dépitée.

Chocard à bec jaune dans le Parc National de la Vanoise

Glacier dans le Parc National de la Vanoise

Randonnée à Val d'Isère

Patience tu auras, bouquetin tu verras

A quelques mètres de la fin du sentier pour rejoindre le refuge, que vois-je en face ? UN BOUQUETIN ! Je sors les jumelles à toute vitesse. Je souris immédiatement et retrouve un gain d’énergie que je pensais définitivement perdu. Je termine le sentier presque en courant, tout en gardant dans mon champs de vision le bouquetin qui évolue seul sur les pans d’en face. Je continue de l’observer de loin, discutant avec quelques randonneurs venant admirer le coucher de soleil. Un autre bouquetin sort de l’ombre, plus loin dans la plaine, tentant de rejoindre son copain probablement. Je les regarde traverser la pente …

Parc National de la Vanoise en automne
Le bouquetin solitaire que j'aperçois au loin dans les herbes rousses

Je reprends mon chemin, et des randonneurs attirent mon attention sur un bouquetin que j’aurais pu rater tellement j’étais absorbée par ceux d’en face.Il n’est pas loin, assez peu préoccupé par les randonneurs à quelques dizaines de mètres de lui. Il est magnifique. Aussitôt, je deviens enfant, émerveillée par un tel animal. Je me rapproche, pas trop prêt pour ne pas le faire fuir. Je l’observe, et arpente les alentours du regard pour voir où je peux me poser sans le gêner. Je monte un peu plus, je ne suis plus qu’à une trentaine de mètres. Il est là, en face de moi. Il me fixe, ne bouge pas, presque intrigué. Il fait quelques pas vers moi, me fixe à nouveau. 

Bouquetin dans le Parc National de la Vanoise, Val d'Isère
Aucun mot pour définir ce sentiment de petitesse devant la vie sauvage.

Je flippe un peu, me disant que la bestiole de 100 kilos à l’air paisible mais qui sait s’il ne pourrait pas me charger, il est quand même plus à l’aise ici que moi. Mais non, il ne fait rien. L’air rassuré que je ne suis finalement qu’une randonneuse parmi tant d’autres qui vient l’observer, il se remet à brouter tranquillement.

15 ans que je n’ai pas vu de bouquetins d’aussi près. Mon cœur est tout fou et pourtant, j’ai 23 ans, adulte, habituée à en croiser de loin depuis que je viens ici, mais là, je suis comme un enfant surexcité. Un enfant de 23 ans qui observe un bouquetin dans le Parc national de la Vanoise… Nous devons être bien nombreux à avoir été dans cette position je pense.

Coucher de soleil au refuge du Prariond

Après 20 minutes d’observation, le soleil décline lentement sur les cimes, il est temps pour moi de rejoindre la vallée. Je reprends mon chemin, presque à contre cœur car j’aurais pu passer des heures entières à le regarder. En descendant, les lumières automnales sont comme une caresse sur les parois montagneuses et les herbes folles.

Randonnée en automne dans le Parc National de la Vanoise
 
Golden hour en Savoie

Randonnée dans les gorges de Malpasset

Je suis arrivée en bas. 15 ans que je ne suis pas montée à la Galise, je n’y suis pas parvenue, peut-être par manque d’entraînement, mais j’y retournerais l’année prochaine et j’arriverais en haut. Je ne suis peut-être pas allée jusqu’au point que je m’étais fixée, mais je les ai vu mes bouquetins. Ils sont si beaux et si majestueux, la force tranquille des montagnes. Je reprends la voiture, et fais un arrêt au village du Fornet pour me délecter une dernière fois des couleurs qui ornent les environs, comme si un feu envahissait le paysage.

Sur ces belles images, je m’endors fatiguée, mais rassasiée de bouquetins… Jusqu’à la prochaine saison de randonnée !

Coucher de soleil sur le lac de Tignes

La randonnée coup de cœur ♥

Refuge du Prariond
Départ : Parking du Pont-Saint-Charles
Difficulté : Facile
Durée : 1h00
Particularité : mains courantes à certains endroits
Points forts : observation de la faune 
    Col de la Galise
    Départ : Parking du Pont-Saint-Charles puis refuge du Prariond
    Difficulté : moyenne (être bon marcheur tout de même)
    Durée : 2h00 depuis le refuge du Prariond, 2h45 depuis le Pont-Saint-Charles
    Points forts : vue sur le Lac Serrù côté italien

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